Saint Salvadour : Ils ont donné leur vie pour notre liberté
Dimanche 4 mai, a été commémoré le souvenir de la mort d’un résistant géorgien et de ses trois camarades français massacrés lors de l’attaque du maquis FTPF du camp de la Servantie à Saint-Salvadour par les troupes allemandes, le 3 mai 1944. Hier à Saint-Salvadour était commémoré le 70e anniversaire de la tragédie de la Servantie.
Comme chaque année, l’association départementale France-CEI-Etats Baltes et le comité intercantonal de l’ANACR commémorent le souvenir de la mort du résistant géorgien Datiko Verouatchvili et des trois camarades français, Raymond Gourinal, Pierre Le Floch et Jean Elie, massacrés lors de l’attaque du maquis FTPF du camp de la Servantie par les troupes allemandes, le 3 mai 1944.
Un rassemblement a eu lieu devant le monument aux morts de Saint-Salvadour où les Compagnons de la Joie au village d’Ussel et l’abbé Buge ont entonné plusieurs chants, «La Marseillaise de la fraternité», «Le chant des déportés», «L’envol de la Colombe», «Le chant des partisans» et «La Marseillaise» en hommage à ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la paix.
Roger Lissac (ANACR) rappelait brièvement les faits qui ont profondément marqué l’histoire de Saint-Salvadour. «Au cours de l’hiver 43-44, un groupe de maquis séjournait dans les bois de la Servantie. Le jeune Datiko Verouatchvili, après avoir quitté son unité, rencontre au niveau du village du Cousin, un GMR de garde à l’usine électrique de Bar. Il lui manifeste son intention de rejoindre la Résistance. C’est le jeune Milou Géraudie qui le met en contact avec le maquis de la Gente, il est affecté au détachement qui est fixé dans le bois de La Servantie.
Le 1er mai, une trentaine de maquisards part pour Vigeois avec le car que leur avait confié le père de Milou Géraudie, pour participer à sa libération qui se traduira par la prise de la gendarmerie et un défilé au monument aux morts de la commune.
Le retour au camp de la Servantie se fait en ordre dispersé, le soir du 2 mai. En rentrant, ils apprennent qu’ils doivent quitter le camp le soir même mais, fatigués, ils remettent l’évacuation au lendemain.
4 tués, 14 prisonniers, 13 déportés, 4 survivants...
Le 3 mai, à 5 heures du matin, une compagnie allemande arrive sur le camp, conduite par une personne qui connaissait très bien les lieux. Balage est réveillé par le chien de garde. André Faucher soulève légèrement la toile du Marabout et crie «Aux armes, les boches sont là». Datiko réussit à se saisir du fusil mitrailleur et à engager le chargeur, mais il s’effondre criblé de balles. L’effet de surprise a été total, désormais le combat est inégal. Les Allemands laisseront quatre tués sur place : Raymond Gourinal, Pierre Le Floch, Jean Elie et Datiko Verouatchvili. Ils feront quatorze prisonniers, treize sont déportés, huit sont morts dans le train du 2 juillet, quatre ont survécu, quatre ont réussi à s’enfuir, Auguste, André Faucher, Titou et Pierrot Balage. C’est le père d’André Faucher qui, à la recherche de son fils, découvre les quatre corps carbonisés et informe les gens du village de Bort. Mais la population terrorisée hésite à se rendre sur les lieux. C’est de nuit que Léonard Perussie attelle ses vaches pour transporter les corps à l’église de Saint-Salvadour où le curé Audouaneix accepte le risque de célébrer leurs obsèques.
Cet épisode tragique de la lutte pour la liberté a profondément marqué la population de la Saint-Salvadour et des environs. Marcel Plas et Antoine Paucard ont veillé à perpétuer la mémoire des victimes en érigeant une stèle à La Servantie, et un modeste mais émouvant monument funéraire pour Datiko Verouatchvili».
Une minute de silence était observée en mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la liberté et la paix.
Le cortège se formait ensuite, porte-drapeaux en tête, suivi des Compagnons de la Joie au village et des personnes (adhérents de France-CEI, élus, citoyens) participant à cette émouvante cérémonie pour se rendre au cimetière de Saint-Salvadour où est érigé le monument funéraire de Datiko Verouatchvili.
Mireille Borie déposait une gerbe au nom du comité départemental France-CEI et Etats Baltes, geste renouvelé par Roger Lissac au nom de l’ANACR. Puis Marc Géraudie, fils de Milou Géraudie, saluait la mémoire des femmes et des hommes qui se sont battus pour la liberté de notre pays et donnait lecture de deux vers d’un résistant poète, Pierre Vilalonga.
Michel Agnoux donnait lecture du texte écrit par Antoine Paucard en hommage au résistant géorgien.
La cérémonie s’achevait par une réception à la salle de la mairie de Saint-Salvadour autour d’un apéritif offert par l’association France CEI et Etats Baltes.
source: L'Echo