Témoignage d'un adhérent du Parti de Gauche, s'apprêtant à rejoindre le PCF

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Témoignage d'un adhérent du Parti de Gauche, s'apprêtant à rejoindre le PCF

Je vous livre le témoignage d'un militant du Parti de Gauche paru sur le site internet du Nouvel Obs; l'union des forces politiques combattant l'austérité reste, bien entendu, ma première préoccupation.

Militant au Parti de gauche, pourquoi j'envisage de rejoindre le PCF

LE PLUS. Une réunion au sommet se tenait vendredi 17 janvier entre Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, et Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche. L'occasion pour ce dernier de remonter la pente à la veille des prochaines municipales. Simon Ulrich, militant au Parti de gauche, envisage quant à lui de changer de parti.

Édité par Louise Auvitu

Écrire cette note n’est pas des plus faciles. Je la commence sans même savoir où les mots et la réflexion me conduiront. Il faut dire que la situation du Front de gauche n’est pas d’une très grande clarté.

Avant d’avancer dans mon propos, je dois déjà commencer par vous évoquer ce qui m’a conduit à adhérer au Parti de gauche et à prendre part à cette belle bataille qui est la lutte dans le Front de gauche

Rompre avec de mauvaises habitudes

Depuis mes premiers pas dans la politique, il m’apparaît comme nécessaire de construire une force qui regrouperait, à gauche, tous ceux qui sont prêts à rompre avec les mauvaises habitudes de la "gauche gouvernementale".

L’ordre néolibéral a perturbé tous nos repères et son cheval de Troie qu’est la construction de l’Union européenne est en phase d’achever toutes les formes d’appropriation commune et de partage des richesses. Cet état de fait rend de plus en plus difficile la bataille contre le "capital financier".

Face à cela, deux univers coexistaient à gauche. L’un présentait l’avantage d’être véritablement constitué et organisé, mais dont il faut avouer que son inutilité gagnait à chaque rapprochement vers l’idéologie libérale. Vous comprenez bien sûr que je parle du Parti socialiste.

De l’autre, un autre univers, en forme de constellation, de bonnes intentions, était divisé et encore immature pour s’affirmer comme légitime pour prendre en main la destinée collective du pays. Mais, malgré ses défauts congénitaux, malgré ses divisions, de la lumière s’y dégageait.

Je m’interroge quant au rôle actuel du Parti de gauche

Par la création du Parti de gauche et par son initiative de réunir toutes les forces à la gauche du PS, nous avons donné à cette constellation les règles physiques de son unité et de son ambition. Et c’est justement parce que le Front de gauche a dorénavant vocation à rompre avec la politique actuelle et à reconquérir la souveraineté populaire que je m’y sens si bien.

Disons donc les choses. Ne les cachons pas. Je me sens à ma place au Front de gauche, mais je m’interroge quant au rôle actuel du Parti de gauche.

Depuis le début, pour permettre à cette constellation de bonnes intentions de s’unir, et donc pour dépasser certains désaccords dont quelques-uns dataient du début du siècle dernier, nous nous étions dit qu’il nous fallait rompre avec nos habitudes et être "unitaires pour deux, pour trois, pour le peuple".

C’est dans cette logique que nous avons pu constituer et renforcer le Front de gauche.

La stratégie "d’unitaire pour deux"

La situation actuelle où certaines sections du PCF rejoignent, malheureusement, le PS au 1er tour des élections municipales est malheureuse. Je le déplore. Mais pour autant, cela n’a rien d’exceptionnel.

Pour dire, j’ai vécu en Champagne-Ardenne. À l’époque, où tout était encore à construire, mes camarades locaux du PCF ont décidé de rejoindre le candidat socialiste aux régionales. Cela était loin d’être un épiphénomène.

Dans beaucoup de régions, le PG se retrouvait sans le PCF pour porter le Front de gauche. Avons-nous alors crié à la fin du mouvement ? Avons-nous focalisé nos tribunes médiatiques sur ces divisions ? Avons-nous décidé de nous émanciper du Front de gauche ?

Absolument pas, car nous savions que changer les habitudes de certains prendrait du temps et serait difficile. Nous savions que la seule chose qui comptait, même si parfois la stratégie pouvait diverger, c’était que notre ambition et notre projet politique restaient le même et étaient partagés par tous.

Nous appliquions donc, sans aucune hésitation ou difficulté, la stratégie "d’unitaire pour deux", car la nécessité des difficultés qu’éprouve notre peuple nous l’imposait.

La nouvelle méthode adoptée n'est pas la bonne

Or, aujourd’hui, le parti dans lequel je suis membre a rompu bêtement avec cette méthode. Depuis quelques mois, nous avons décidé de dramatiser chaque difficulté. Nous parlons de l’échec de l’union du Front de gauche à Paris alors que cette dernière est présente dans de si nombreuses grandes villes comme Lyon, Marseille ou encore la mienne, Montpellier.

Cette nouvelle stratégie qui est imposée aux militants du PG plutôt que choisi par eux est tout sauf la bonne. Elle menace l’existence même du projet politique auquel nous participons tous depuis plusieurs années.

Il n’y a qu’à voir certains de nos camarades, de partis différents, qui hier tractaient avec le sourire ensemble sur les marchés, mais qui aujourd’hui s’insultent et s’invectivent sur les réseaux sociaux. C’est un drame.

Je pense rejoindre le PCF

Partant de ce constat, j’ai pris la décision de remettre en cause mon adhésion au PG. Je pense rejoindre le PCF ou le parti de Clémentine Autain, Ensemble.

Mon départ n’est pas encore définitif. Il est conditionné. Si le PG continue à nier la démocratie interne, si le PG devenait un problème pour la pérennité et la survie du projet politique qu’est l’humain d’abord, alors je n’aurais aucune hésitation. Ma stratégie politique, mon ambition politique, mon engagement, c’est de voir un Front de gauche en tête de la gauche pour impulser la politique écosociale et de rupture avec l’Europe que la France a tant besoin.

Vendredi a eu lieu une rencontre entre le PCF et le PG. Cette discussion est déterminante pour l’avenir du Front de Gauche et pour le choix de ma maison politique. Je sais qu’à titre personnel, je choisirais toujours la force qui essaye d’élargir, d’élever le débat, car on ne peut émanciper le peuple sans émanciper son projet des difficultés du réel.

Constituer une structure transpartisane

Le Front de gauche n’est pas une stratégie facile. Nous le savons depuis toujours. Mais nous y engageons depuis le début, car nous savons que nous n’avons pas d’autre alternative. Pour l’avenir de la France et la paix en Europe, il nous faut faire émerger cette force de rupture à gauche.

C’est pourquoi, quelle que soit ma décision quant à mon avenir personnel, je resterai fidèle au Front de gauche. C’est également pourquoi, avec des camarades de tous les partis frères du Front de gauche, nous avons décidé de constituer une structure transpartisane qui doit venir alimenter le débat de fond quant à la stratégie et au projet du Front de gauche.

S’appréciant, partageant les mêmes convictions, mais étant membre aujourd’hui d’organisations différentes, nous voulons obliger le Front de gauche à rester uni sur un projet de rupture avec la construction européenne et une croissance destructrice de l’humain et de la nature.

Ainsi, il m’apparait nécessaire de créer ce groupe, par un média internet, que je propose d’appeler temporairement GO, pour "Gauche d’opposition, pour un Front de gauche de rupture".

Ce mouvement d’idée donnera naissance à des tribunes, à des débats avec des économistes extérieurs au FG pour faire évoluer ce dernier par rapport à ses propositions et à ses choix stratégiques.

Cesser les querelles intestines

Ce mouvement doit venir semer dans tous les partis du FG et même au-delà, la nécessité du débat sur l’écosocialisme, l’humain d’abord et la stratégie économique et politique pour y arriver, c’est-à-dire la rupture radicale avec l’Europe.

En élevant le débat sur la question européenne, en affrontant nos tabous, nous pouvons permettre au Front de gauche d’évoluer et de cesser ses querelles intestines. Nous avons le devoir de permettre à une force de gauche radicale de rompre avec la monnaie unique et une construction européenne qui ne cesse de désespérer et de nier nos libertés démocratiques.

En prouvant qu’une force non raciste, démocratique et écosociale peut exister, nous rendons inutile le front national et nous offrons au pays une échappatoire.

En quelque sorte, nous décidons, avec GO, de partir par le front de gauche pour transformer nos partis et non plus l’inverse. Nous court-circuitons nos habitudes, car nos habitudes nous conduisent pour l’instant à l’échec.

Ainsi, l’actualité des prochains jours va déterminer mon adhésion ou non au PCF, mais ma décision quant à la stratégie est claire. Il est dorénavant nécessaire que chacun s’inscrive dans une logique de Front de gauche autonome et en rupture avec l’Union européenne, car il est venu le temps de notre utilité.

Il est venu le temps de la reconquête de la souveraineté populaire, doux prénom de la démocratie et cousine de l’émancipation humaine.

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1129888-militant-au-parti-de-gauche-pourquoi-j-envisage-de-rejoindre-le-pcf.html

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